- « Bonjour M’sieur Le Juge. »
- « Bonjour Monsieur Frari, savez-vous pourquoi vous êtes ici ? »
- « Oui, c’est parce que j’ai frappé ma femme M’sieur Le Juge. »
- « Qu’en pensez-vous ? »
- « J’en pense rien. »
- « Eh bien, je vais vous lire le rapport qui m’a été donné, peut-être auriez-vous ensuite des choses à dire. »
- « C’est possible, je vous écoute. »
- « Il est écrit :
« Objet : 18h intervention au 32 rue du Graal à Boiry-Notre-Dame, pour violences conjugales.
Sommes intervenus à l’adresse sus-citée suite à un appel téléphonique du voisinage.
Sommes informés qu’un homme frappe sa femme avec beaucoup de violence. Beaucoup de cris s’échappant de cet appartement.
Tentative d’intervention par le voisinage, échec.
Sommes arrivés sur place et avons sommé Monsieur Frari de nous ouvrir.
Entrons dans l’appartement. Constatons de la vaisselle cassée partout dans l’environnement. Apercevons la victime au sol. Faisons intervenir les secours. Constatons que la victime à l’arcade sourcilière fracturée. Remarquons que la victime se tient les côtes pour marcher.
Lui demandons qui lui a asséné les coups. Sans hésitations, désignation de son mari.
Les pompiers embarquent Madame Frari aux urgences de l’hôpital d’Arras.
Embarquons Monsieur Frari pour comparution devant le juge. »
- « Alors Monsieur Frari, voulez-vous apporter des précisions à ce rapport ? »
- « bah, comme quoi M’sieur Le Juge ? »
- « Eh bien disons que vous pourriez peut-être nous expliquer votre geste ? »
- « Y’a pas grand’chose à expliquer M’sieur Le Juge, en fait c’est parce qu’elle aime bien quand je la frappe, c’est elle qui demande et des fois c’est elle qui me donne des coups parce que j’aime bien aussi. »
- « Intéressant, pour être sûr d’avoir bien tout compris, vous vous tapez l’un l’autre pour le plaisir ? »
- « Ouais, M’sieur Le Juge, c’est bien ça ! »
- « Merci, vous pouvez disposer. »
- « Bonjour Madame Frari. »
- « Bonjour M’sieur Le Juge. »
- « Comment vous sentez-vous ? »
- « Bien merci, pourquoi je suis ici ? J’ai rien fait ! »
- « Ne vous inquiétez pas Madame Frari, vous n’êtes en rien incriminée, nous essayons de comprendre ce qui vous est arrivée hier soir à votre domicile. »
- « Bah, il ne s’est rien passé de particulier hier ! »
- « Votre mari vous a frappé. Vous êtes allée à l’hôpital. Vous avez eu deux côtes fissurées et l’arcade sourcilière fracturée, ce n’est pas rien tout de même ! »
- « Bah c’est pas grave ça ! M’sieur Le Juge. J’aime bien quand il fait ça ! C’est les voisins qui ont appelé la police, moi je n’ai rien demandé à personne. Nous on s’aime comme ça ! Toutes les amourettes et les bisous tout le temps, on trouve ça bête, nunuche en quelques sortes ! Nous c’est l’amour vache, comme on dit, on aime ça se taper dessus ! »
- « Etant donné qu’un signalement de violence a été porté à ma connaissance, souhaitez-vous porter plainte contre votre mari ? »
- « Bah, non, puisque j’vous dis qu’j’aime ça ! »
- « Affaire classée, alors, vous pouvez disposer Madame Frari. »
- « Au revoir M’sieur Le Juge ! »