L’écrin.
Fin numéro 1
Elle marche vite, tête baissée, elle quitte la rue Esquermoise pour rejoindre la grand ‘place. Incapable d’aller plus loin, elle s’assoit sur le bord de la fontaine. Son cœur palpite, le souffle court elle ne sait plus quoi penser. Le visage dans les mains, les yeux embrumés, son esprit s’embrouille. Elle se balance, pensive. L’aime-t-elle ? Rose ne pense qu’à lui. Ses yeux bleu-nuit, ses cheveux bruns suffisamment longs pour y glisse les doigts. Son parfum, sa voix, ses paroles. Ne lui a-t-il pas promis l’amour avec un grand A ? Elle veut tellement y croire en tous cas. Le mérite-t-elle ? Elle en doute, ses dernières histoires l’ont tellement faite souffrir qu’elle hésite à ouvrir de nouveau son cœur. Elle ne lui donne pas tout. Pourtant, elle le veut, elle le désire. Elle se souvient, hier alors qu’il la tenait par les épaules, il lui soufflait des mots doux dans les cheveux. Les yeux fermés, elle le respirait. De nouveau, son cœur battait. Après une soirée et une nuit de rêve dans son appartement, rue Thiers, elle s’est enfuie sans laisser mot. La vérité qu’elle n’osait s’avouer lui sautait au visage, elle se sentait bien avec lui mais il lui servait de pansement. Elle était bien avec lui, elle était heureuse, tout était simple. Mais trop. Elle souhaitait tant ressentir plus pour Liam, mais elle en était incapable. Elle n’y arrivait pas, c’est comme si son cœur avait déjà donné tout ce qu’il avait. Le quota était dépassé. Liam n’aurait pas le droit de bénéficier des sentiments les plus forts, les plus fous, les plus importants. Ne mérite-t-il pas davantage ? Ce matin, dans la salle de bain, elle avait découvert fortuitement cet écrin qui lui était destiné. Il profitera certainement de son anniversaire, aujourd’hui, pour lui faire la demande d’aller plus loin.
La pluie commençait à tomber, ses longs cheveux bruns se mirent à friser, son bonnet la protégeait à peine. La fraicheur de l’eau lui fit comme un électrochoc, sa décision était prise. Elle fit demi-tour, s’arrêta chez Méert, prit deux pains au chocolat pour leur petit-déjeuner.
Elle remonta la rue Esquermoise, enquilla la rue Thiers, passa le Bistrot Thaï de Kim, avança encore de quelques bâtiments, ouvrit la lourde porte cochère, grimpa les deux étages qui la séparaient de Liam. Il était réveillé. Assis sur une chaise dans la cuisine il l’attendait. L’écrin était posé devant lui, à côté de sa tasse de café. Les yeux dans le vide, il ne la vit pas tout de suite. Elle déposa les viennoiseries devant lui, l’embrassa dans le cou. Le regard vague, il se tourna vers elle.
- « Où étaistu ? »
- « Partie chercher les pains au chocolat, pourquoi ? »
- « Joyeux anniversaire, Lisa. »
- « Merci, mon chéri, mais je m’appelle Rose. »
- « Lisa …Rose, j’ai un petit quelquechose pour toi, tiens. »
- « Oh ? Tu me le donnes comme ça ? »
- « Oui, pourquoi ? tu t’attendais à des fioritures ? »
- « Euh, non, non, bon eh bien, je l’ouvre ?! »
- « Oui. »
- « … »
- « Ca ne te plait pas ? »
- « Qu’estce que ça veut dire ? »
- « Oh, je suis sûr que tu le sais. »
- « … non, et là tu commences à me faire peur. »
- « C’est l’œil gauche de ton ex. »
- « Ce n’est pas possible, c’est une blague, c’est un fake ?!!!! »
- « Non, c’était bien à lui figure toi ! »
- « Tu l’as …tué ? »
- « Oui, sinon il aurait porté plainte, pff ! »
- « Enfin, pourquoi ? Pourquoi astu fais ça ??? »
- « Parce que tu l’aimais. »
- « Nnnnon… »
- « Si, je sais très bien que tu n’as pas tourné la page, je sais que tu l’aimais encore et qu’il t’a fait souffrir, maintenant c’est affaire réglée. »
- « Affaire réglée, comment ça ?? J’y crois pas, ce n’est pas possible, pas toi…Tu étais censé être mon avenir, mon homme… pas être un meurtrier ! »
- « Sois rassurée, je serai, que tu le veuilles ou non, ton avenir. »