Tu es là, seule, recroquevillée dans ton lit. Comme si tu étais dans une coquille trop petite. Tes doigts longs et décharnés essaient sans cesse de retirer le drap qui te couvre. En vain. Tes yeux bleus transpercent le décor en ne s’attardant sur aucun détail. Le vide. Ta peau est lisse, douce et tellement fine qu’elle craque par endroit. Ton corps te lâche. Ton esprit te quitte. Tu es pourtant vivante. Ton cœur bat. Le mur de ta chambre est orné de photos de tes parents, tes frères et sœurs. Ton mari et tes enfants sont également présents sur ce mur. Beaucoup sont morts. Te souviens-tu d’eux ? Toutes ces photos te regardent. Mais peu d’entre eux viennent te voir dans cet hôpital.
Je suis là, devant toi. Je te prends la main. Tu es froide. Je te raconte quand je venais chez toi et que tu me beurrais des tartines sur lesquelles tu disposais des morceaux de bananes. C’était bon ! Nous prenions plaisir à de telles dégustations ! Une larme coule le long de ta joue. M’entends-tu ? Me comprends-tu ?
Je t’ai perdu le jour où la maladie d’Alzheimer t’a trouvée.